Lettre de Abdelouhab Fersaoui, président de RAJ et détenu d’opinion, envoyée de sa prison d’El Harrach et rendue publique, aujourd’hui, par son association.
Un grand hommage aux Algériens.es qui ont prouvé leur détermination et engagement sans faille d’aller jusqu’au bout dans ce processus révolutionnaire pacifique et inédit malgré les multiples tentatives du pouvoir visant à affaiblir le Hirak, le diviser et le détourner de son objectif principal qui est le changement du système et mettre les premiers jalons d’une véritable république démocrate et sociale, longuement attendue par le peuple.
Ni la répression violente et brutale des manifestations, ni les interpellations et les emprisonnements arbitraires des buralistes, ni la propagande et les compagnes de dénigrements à l’encontre des militants, ni les tentatives de division entre les algériens.es, n’ont pu faire fléchir le Hirak. Durant les dix mois de mobilisation pacifique, le peuple algérien a fait preuve d’une maturité politique très élevée, de vigilance et de sagesse en restant uni et en préservant le caractère pacifique du hirak. Le pouvoir se trompe, il pense mettre fin à la révolution de sourire en organisant un simulacre électoral le 12 décembre avec lequel, il va renouveler sa façade civile que le peuple Algérien a rejeté deux fois déjà.
Les Algériens.es ont donné une réponse claire et forte en ce 43ème vendredi, juste après l’annonce des résultats de cette «élection» rejetée d’avance et massivement par le peuple a travers un très large référendum populaire le vendredi 13 décembre où les Algériens.es sont sortis par millions dans les différentes villes et wilayas au niveau national, pour dénoncer le forcing électoral d’une manière haute, forte et solennelle le changement du système et non le changement dans le système. Beaucoup d’acquis sont arrachés durant les 10 mois du Hirak où le peuple Algérien a renoué avec la politique. En plus des marches du vendredi et du mardi, les citoyens.es, les étudiants.es, les enseignants.es universitaires, les avocats.es, les syndicalistes,… s’organisent sous forme de collectifs, de coalitions… et sont appelés à amplifier et à multiplier ce genre de cercles et de formes de débats autour de l’avenir du Hirak. C’est de cette manière qu’on peut mieux s’organiser et se préserver des contres révolutions afin de faire aboutir nos revendications légitimes notamment par le dialogue où la libération des détenus du Hirak ne doit pas prendre le dessus sur les objectifs principaux de la révolution du sourire à savoir le changement du système et l’instauration d’une véritable république démocratique et sociale.
Mais peut-on parler de dialogue quand on interdit aux Algériens.es de s’exprimer librement, d’exercer leur droit de manifester pacifiquement dans la capitale et sur le territoire national, peut on parler de dialogue quand on réprime les manifestations, quand on tabasse, quand on interpelle et quand on met en prison, d’une manière arbitraire, des citoyens pour avoir manifester pacifiquement ou exprimer une opinion différente de celle du pouvoir ? Peut-on parler de dialogue quand on ferme les médians publics et privés aux opposants et en faisant de ces médias des instruments de propagande en faveur du pouvoir et de ses alliés ? Peut-on parler de dialogue quand on fait de ce dernier un monologue entre le pouvoir et sa clientèle, quand on impose son contenu, sa feuille de route, ses résolutions comme cela a été le cas avec la fameuse commission de dialogue et de médiation ?
La balle est dans le camp du pouvoir, s’il a la réelle volonté politique pour désamorcer la crise et répondre favorablement aux revendications légitimes du Hirak à travers des mesures concrètes sur le terrain. En parallèle la mobilisation Pacifique doit se poursuivre et le Hirak doit continuer avec la même détermination et engagement pour faire barrage aux opportunistes, déjouer toutes les manœuvres de faux dialogue et de division du Hirak.
Le peuple a fait son devoir d’une manière civilisée et pacifique, ses revendications sont claires, le vent de la liberté souffle sur l’Algérie, le peuple a décidé de prendre son destin en mains et de restituer sa souveraineté confisquée, et rien ne pourra l’arrêter dans sa reconquête de la démocratie.
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