Le 13 septembre dernier, 25 détenus d’opinion à la prison de Koléa (Alger) dont le journaliste Mohamed Mouloudj, ont entamé une grève de la faim pour dénoncer leur détention arbitraire depuis plus d’une année pour certains, sans jugement.
Ce dimanche, le groupe Action- Détenus a appelé à « une solidarité sans faille » jusqu’à ce qu’ils soient libérés. D’autant que beaucoup d’entre-eux, originaires de Kabylie, ont été arrêtés et maintenus en détention sous de fausses accusations de « terrorisme ».
« Leurs dossiers judiciaires ont été orientés vers le pôle spécialisé de lutte contre le terrorisme du tribunal de Sidi M'hamed. Maintenus en detention provisoire depuis au moins un an sans jugement malgré les demandes répétées de remise de liberté introduites par leurs avocats, ces détenus d'opinion n'ont plus que la grève de la faim comme moyen ultime pour dénoncer l'injustice dont ils sont victimes », indique Action- Détenus. Tout en soulignant « l’arbitraire » de la procédure d'eprisonnement, de l'interpellation à la détention.
« Pour certains, l'arrestation par les services de sécurité n'a été connue qu'après une disparition de plusieurs jours ; c’est le cas notamment de Kamira Nait Sid », rappelle -t-il. Et d’indiquer que la procédure depuis le début est « contraire à l’article 45 de la constitution et 51 bis du code de procédure pénale au sens desquels la personne interpellée et placée en garde à vue a le droit d'entrer immédiatement en contact avec sa famille ».
Action- Détenus poursuit : « Pour d'autres, les services de sécurité ont usé de moyens disproportionnés pour les interpeller sur les lieux de leur résidence, dans le but ainsi de marquer les esprits et d'instaurer un climat de terreur. Après l’interpellation et la garde à vue, dans des conditions quasi illégales, les personnes interpellées sont présentées devant le Procureur de la République puis placées quasi systématiquement en détention provisoire, mesure devenue la règle, ce qui contrevient à la loi. ».
« Une mesure exceptionnelle selon l’article 123 du code de procédure pénale et l’article 44 de la constitution», rappelle-t-il encore.
Sur sa lancée, le groupe Action- Détenus, dans son réquisitoire, met en exergue les accusations « fallacieuses » et « fantaisistes » qui ont conduit à l’incarcération des militants, parmi « les plus graves prévues par le code pénal, dont l’incitation a la haine, l'atteinte à l'unité nationale, l'appartenance à une organisation terroriste, et ce, sans aucun argument étayant la nature de ces inculpations. »
« L'accusation d'appartenance au MAK est souvent exhibée. Ce mouvement, qui a toujours eu des activités politiques pacifiques depuis 2001, a été qualifié d'organisation terroriste en mai 2021 par le Haut Conseil de Sécurité, instance sans compétence de décision, et sans aucune preuve sérieuse à ce jour », précise -t-il. Et d’expliquer que « plusieurs détenus n'ayant aucun lien avec le MAK sont accusés de façon péremptoire de cette appartenance ».
« Ce sont des militants culturels, non partisans, comme Abdenour Abdessalem, ou qui ont quitté ce mouvement depuis plusieurs années pour d'autres projets politiques comme Hamou Boumedine et Bouaziz Ait Chebib, ou des journalistes comme Mohamed Mouloudj qui a eu des contacts à titre professionnel à des fins d'information », explique encore Action-Détenus.
Enfin, les rédacteurs du communiqué dénoncent « les conditions carcérales très difficiles des prison algériennes», auxquelles sont confrontés les détenus d’opinion. Aussi, appellent-ils à une « solidarité sans faille envers eux et leurs familles et la poursuite sans relâche de la lutte jusqu'à leur libération ».
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