En juin dernier, nous avions, moi-même et Mr Abdeslam Abdennour, écrivain, déposé une plainte pour violation des droits de l'homme en Algérie auprès du Haut Commissariat aux droits de l'Homme qui, après plusieurs relances, nous a froidement répondu en nous disant qu'un comité en charge des plaintes étudiera la recevabilité de la notre lors de sa réunion programmée pour le début du mois de Février 2020, comme s'il s'agissait d'une simple plainte d'un consommateur pour produit avarie. Après d'autres relances, il nous a été demandé, au mois d'octobre, de compléter notre dossier (peut-être s'agissait-il d'une demande d'emploi !!!), ce que nous avons fait. Mais depuis, silence radio ! Nous leur avons encore écrit, hier, pour nous enquérir du devenir de la plainte. Le jour-même, le verdict est tombé pour les porteurs de l'emblème Amazigh et nous avons décidé d'envoyer ce cri de cœur à Mme Michelle Bachelet qui préside cette institution.
Cher Madame, Cette nuit, des dizaines de citoyens en détention provisoire illégale se sont vus infliger des peines de prison ferme (une année dont 6 mois ferme) pour avoir simplement brandi l'emblème Amazigh, symbole d'une identité qui dépasse les frontières de l'Algérie et de surcroît, consacrée par la constitution algérienne que la dictature militaire viole allègrement sans que les institutions internationales ne s'en émeuvent outre mesure.
Que faudrait-il faire pour que l'on entende notre peuple qui souffre. ? Faudrait-il vous offrir quelques morts pour que vous daigniez jeter un coup d’œil sur les événements dramatiques qui secouent l'Algérie ? Quel sens a votre mission si des atteintes flagrantes aux droits humains deviennent quotidiennes ? Si une chape de plomb s'abat sur tout un peuple ? Que faut-il a Mme Bachelet qui a subi les violences du régime Pinochet, et qui a vu récemment son propre peuple se soulever et s'en est elle-même émue ? Que lui faut-il pour quelle daigne ne serait-ce que se renseigner sur ce qui secoue notre pays depuis neuf longs mois à travers des marches où des dizaines de millions de manifestants battent le pave sans discontinuer ? Que lui faut-il quand ces mêmes dizaines de millions de citoyens s'époumonent sans cesse en criant «pouvoir civil et non militaire», «libérez les détenus politiques devenus otages d'un régime honni», «pouvoir assassin» «Algérie libre et démocratique» ? Que lui faut-il pour écouter les voix de ces millions d'algériens qui ne veulent que la liberté et la démocratie dont elle-même est une égérie ? Que lui faut-il pour nous écouter ?
Il s'agit dans le cas contraire d'une non-assistance à pays en danger et le peuple algérien ne saura passer cela sous silence. Réveillez-vous Mme Bachelet ! Il y va de la crédibilité de l'institution que vous dirigez et de votre propre crédibilité. Réveillez-vous Mr Antonio Guterres, Secrétaire Général de l'ONU, ne serait-ce que pour nous dire que vous avez entendu parler de l'Algérie. Réveillez-vous ! Moi qui ai été un haut fonctionnaire des Nations unies pendant des dizaine d'années et aujourd'hui encore je continue à servir comme expert bénévole, j'ai eu toujours confiance en vos institutions. Ne me décevez pas.
Respectueusement
Abdeslam Abdennour et Menad Si Ahmed
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