Amnesty International et Human Rights Watch, organisations Internationales de défense des droits humains, ont appelé ce mercredi les autorités algériennes à annuler la dissolution de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH).
« Les autorités algériennes devraient revenir sur la décision, manifestement politique, de dissoudre la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), une organisation indépendante active depuis 38 ans, et lui permettre d’opérer librement et légalement », exigent aujourd’hui Human Rights Watch et Amnesty International.
Pour les deux ONG, les autorités « devraient également mettre fin à leur répression générale des organisations indépendantes de la société civile » et à « veiller à ce qu’elles puissent opérer dans un environnement sûr et propice ».
« Les autorités algériennes semblent déterminées à mettre fin à toute activité indépendante qui ferait la lumière sur les violations des droits humains dans le pays », déplore Eric Goldstein, Directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Citant le contenu du jugement rendu par le tribunal administratif d’Alger, portant la dissolution de la Laddh, au motif « qu’elle posséderait ‘’plusieurs branches revendiquant son nom et sa légitimité légale’’, en violation de l’article 48 de la loi 90-31 sur les associations, publiée en 1990 et relative aux statuts des associations », HRW et Amnesty International estiment que « ce passage fait référence à des scissions historiques au sein de la Ligue et à la loi en vigueur à l’époque ».
« De telles scissions ne peuvent être utilisées pour justifier la violation du droit à la liberté d’association et contraindre à la fermeture de la Ligue », affirme-t-on. Et de rappeler que les autorités avaient déjà mis sous scellés le Centre de documentation des droits de l’homme (CDDH) de la LADDH à Béjaïa, sur ordre du Wali, invoquant le jugement dissolvant la Ligue.
Pour Amnesty International et HRW, « les dispositions juridiques invoquées pour dissoudre la LADDH sont incompatibles avec le droit à la liberté d’association protégé par les lois et normes internationales et africaines relatives aux droits humains ».
De son côté, Amna Guellali, Directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré que « le démantèlement par les autorités de la plus ancienne organisation de défense des droits humains du pays restera dans l’histoire comme un acte honteux qui doit être annulé immédiatement ».
« L’Algérie s’enfonce toujours davantage dans une crise où il n’y a pratiquement plus d’espace pour l’activisme en faveur des droits humains », ajoute-t-elle.
Et pour cause : le 6 décembre 2022, la police de Béjaïa a empêché l’antenne locale de la Ligue d’accueillir la onzième édition de son Forum des droits de l’homme.
En octobre 2021, un tribunal a dissous le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), l’accusant d’«avoir violé la loi, de semer le chaos et de trouble à l’ordre public. Le RAJ a fait appel de cette décision auprès du Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative du pays». Son verdict a été reporté au 23 février 2023. Caritas, une organisation caritative de l’Église catholique, a annoncé sa fermeture le 25 septembre 2022, après que les autorités lui ont reproché de fournir de l’aide et des services médicaux aux migrants, selon les médias.
En mai 2022, le Wali d’Oran a demandé à un tribunal de dissoudre Santé Sidi Houari (SDH), une association axée sur la réhabilitation du patrimoine culturel de la ville d’Oran.
Cependant, le tribunal administratif d’Oran a rejeté cette requête en décembre. L’association culturelle SOS Bab El-Oued à Alger a suspendu ses activités après que les forces de sécurité ont perquisitionné son bureau et confisqué du matériel en avril 2021.
Le président de cette célèbre association locale, Nacer Meghnine, a été condamné à « un an de prison ferme » pour « atteinte à l’intérêt national » et « incitation à un attroupement non armé », en rapport avec les activités de l’association et la participation de ses membres au Hirak.
Chaque week-end, recevez le meilleur de l'actualité et une sélection d'événements en vous inscrivant à notre bulletin d'informations.