Un pouvoir hors la loi, signe d'un système aux abois
Ce matin comme presque chaque jeudi, j'ai participé au rassemblement hebdomadaire qui a eu lieu devant le tribunal de Sidi Mhamed en soutien aux détenus d'opinion injustement incarcérés. En plus des familles des détenus, des animateurs du mouvement associatif et des militants politiques, il y avait à mes côtés, Abdelouhab Fersaoui, président du RAJ, Said Salhi, vice président de la LADDH et d'autres camarades. Juste avant la fin du sit-in, et au moment où Fersaoui, accompagné de Saïd Salhi et deux autres militants s'étaient détachés du rassemblement, des individus en civil se sont jetés sans ménagement sur Fersaoui, visiblement déterminés à l'arrêter.
Présent sur place, je me suis mis en devoir de le protéger afin de lui éviter des ennuis. Après un échanges de mots entre nous, j'ai décliné ma qualité de député afin de leur faire entendre raison. Ces derniers résolument décidés à embarquer le Président du RAJ, n'ont rien voulu entendre, m'intimant même l'ordre de m'en aller. J'ai dû insister en accompagnant à pied Fersaoui bien encadré par l'escouade de policiers en civil, du tribunal jusqu'au commissariat, décidé à aller jusqu'au bout pour mettre un terme à cette hogra digne des années de plomb.
Au bout d'un moment et plus de 400 m de chemin fait avec eux au alentour de la wilaya d'Alger et certainement agacé par mon obstination à leur tenir tête, un policier s'adressa à moi avec véhémence pour me demander de quitter les lieux. Instinctivement, je lui ai répondu en Kabyle, ce qui l'a semble t'il, excité davantage. Il me rétorqua qu'il ne comprenait pas ce que je lui disais, je lui fis remarquer qu'il s'agissait de Tamazight, une langue nationale reconnue par la constitution. Excédé, il fonça sur moi en me tenant par la gorge, suivi tout de suite après d'une horde sauvage composée d'une vingtaine de ses camarades, dont certains ne s'étaient pas fait prier pour me tabasser en bonne et du forme. Je me suis défendu comme j'ai pu, aidé par un ami , Laziz Abache, de Sidi Aich (Béjaïa), présent aux alentours. Celui-ci recevra à son tour des coups violents, mais il réussira a leur échapper. Quant au camarade Fersaoui, il sera conduit directement au commissariat du Cavaignac.
Voilà comment ceux qui se targuent d'agir dans le respect de la constitution, se comportent comme des tontons macoutes. Enlever un citoyen qui participe pacifiquement à un rassemblement, sans mandat d'emmener, relève d'un banditisme d’État. De plus, agresser littéralement un parlementaire, représentant du peuple est un déni de droit qui témoigne d'une voyoucratie inquiétante.
Je tiens à dénoncer ce comportement arbitraire d'un corps supposé de sécurité qui, agissant en toute illégalité s'est rendu coupable de l'enlèvement d'un citoyen pacifique, qui plus est, président d'une association nationale agréé par l'État. De même que je me ferai un devoir de porter cet enlèvement et cette atteinte gravissime à l'immunité parlementaire reconnu par la constitution et les lois de la République, aux autorités compétentes.
Le Président et l'instance parlementaire seront instamment saisis. Cette violation inédite du sacré saint droit du député à l'immunité ne restera pas sans suite dommageable pour ces Baltagui d'un nouveau genre faute de quoi, le Président de l'APN et l'instance parlementaire prendront acte de leur incapacité à faire respecter un des fondements de leur institution à savoir l'immunité, sans quoi le député ne pourra pas exercer librement ses missions de contre pouvoir. Quant à moi, militant, j'ai été, je le suis encore et je le serai toujours.
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