Un membre du comité de campagne de Ali Benflis arrêté pour soupçon de collaboration avec un pays étranger

Ali Benflis est en colère et il a raison. Au moment où est annoncé un retour de balancier en sa faveur faute de consensus apparent autour de Mihoubi, un membre de son comité de campagne est arrêté pour soupçon de collaboration avec un pays étranger.

Le suspect est identifié sous les initiales de SB. Il s'agit en fait de Salah Bekka, bien connu dans les milieux artistiques depuis une trentaine d'années. Il a notamment été le manager de Lounis Ait Menguellet et il a organisé de nombreux événements culturels, en lien avec les autorités. Il a aussi organisé des opérations de solidarité en acheminant l'eau et l'électricité à des villages isolés en Kabylie. On lui a prêté des relations avec Larbi Belkheir que lui-même revendiquait, selon ses proches. Il faut dire que l'homme ne cultive pas les vertus du silence. Au point de soulever des doutes sur ses propos. Sa relation avec Benflis était connue de tout son entourage et à plus forte raison des autorités consulaires et diplomatiques à Paris.

Le communiqué du parquet lui reproche d'avoir transmis des informations sur la campagne électorale à un pays étranger qui est quand même bien représenté en Algérie. Une campagne électorale est forcément publique. Tout comme les manifestations hostiles. S'il ne s'agit-il pas d'informations relevant du secret d'État, on ne peut pas parler d'un délit puisque les autorités elles-mêmes se sont obstinées à organiser l'élection dans ce pays visé.

Interrogé par les enquêteurs, le suspect avoue être intervenu pour ouvrir un compte bancaire à Paris à M. Benflis et à son épouse. Là aussi, il n'y a rien de delictuel en soi. Mais c'est une manière de suggérer sournoisement que ce serait illegal ou qu'il y recevait de l'argent illicite. Le concerné s'est expliqué lui-même sur ce compte non dissimulé, précise-t--il, puisqu'il dit l'avoir signalé dans sa déclaration de campagne en 2004 et en 2014.

Et si les médias qui lancent de suspectes insinuations nous parlaient aussi des comptes à l'étranger de leurs patrons? Benflis semble être encore la victime d'une naïveté difficile à concilier avec une responsabilité de chef d'État.