Le deuil national décidé suite au décès du général de corps d’armée, chef d’État-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, n’a pas empêché les étudiants de marcher pour le 44ème mardi de suite. Les rumeurs ayant circulé la veille sur un report des manifestations de ce mardi 24 décembre, ont vite été démenties d’ailleurs. Car pour les étudiants, «un décès ça se respecte, mais la cause du Hirak qui milite pour le départ définitif du régime en place est au-dessus de tout».
44ème mardi de la mobilisation des étudiants à Alger
Des centaines de citoyens se sont joints à Alger, à Tizi-Ouzou, à Bejaia, à Bouira et Constantine, entre autres, pour maintenir la flame du Hirak, bien parti semble-t-il, pour durer dans le temps, malgré les voix qui s’élèvent ici et là pour semer le désespoir. À Alger, ils étaient des milliers encore à se rassembler dès 10h du matin à la Place des Martyrs, majoritairement des étudiants malgré les vacances, mais aussi des citoyens de différents horizons. La procession s’est ensuite ébranlée direction Alger-centre, passant par Bab Azzoun et le boulevard Larbi Ben M’hidi, avant d’arriver à la grande poste.
À l’occasion, les étudiants ont réitéré les principales revendications du Hirak, à savoir «le départ du système en place» qui, selon eux «doit céder la place au jeunes», mais aussi à l’édification d’un État de droit et des libertés. Les étudiants ont scandé entre autres les slogans «État civil, et non militaire», «Presse libre, justice indépendante» et «Dégage, dégage, FLN et RND dégage» ou encore «Dégage, houkoumat (Gouvernement) du bricolage».
44ème mardi de mobilisation pour le changement radical du système à Béjaïa
«Hna Wled Amirouche, marche arrière ma-nwellouch» !
Les étudiants ont réitéré leur attachement, à l’occasion de l’acte 44 de leur marche, au caractère pacifique des manifestations, scandant «Silmiya, Silmiya, matalibna chariya (Pacifique, nos revendications sont légitimes)». Ils ont par ailleurs démontré une fois de plus qu’ils sont conscients et ne comptent pas faire marche arrière. «Talaba wa3oun, li nidham rafidoun (étudiants conscients, au régime sont opposés)», ont-ils crié non sans oublier de répéter «Hna Wled Amirouche, marche arrière ma-nwellouch» qui veut latéralement dire «Nous sommes les enfants de Amirouche, Nous ne ferons pas marche arrière».
Mahraz Bouich, enseignant universitaire à Béjaïa
Les marcheurs ont enfin scandé des slogans hostiles au Président mal élu, Abdelmadjid Tebboune, mais ont épargné contrairement aux précédentes marches, Ahmed Gaïd Salah, décédé lundi matin à l’âge de 79 ans des suites d’un arrêt cardiaque, selon la version officielle. Les étudiants ont prouvé ainsi qu’ils n’ont de leçon à recevoir de quiconque, en respectant la mémoire d’un mort quel qu’il soit. Un hommage a été rendu par les étudiants au feu Hocine Aït Ahmed, décédé le 23 décembre 2015. Un très haut degré de conscience qui prouve aussi si besoins est que l’objectif du Hirak dépasse tous les personnages du régime et se place au-dessus de toutes les figures. Il s’agit d’un changement radical pour aller vers l’État des droits, de la démocratie et des libertés.
Place des Martyrs - Alger : Forum des étudiants
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