Outre les entités terroristes, la liste contenait les noms de seize personnes considérées comme terroristes, dont Ferhat Mehenni, Mourad Dehina, Larbi Zitout et Hicham Aboud.
L’Algérie a publié, jeudi 17 février, une liste des entités et personnes considérés comme « terroristes ». L’arrêté publié au journal officiel le 13 février 2022, rassemble sur trois pages, deux organisations et seize noms de personnes réparties sur deux catégories ; la première où sont « inscrites les entités classés comme ‘’entité terroriste’’ » et la seconde où sont « inscrites les personnes classées comme ‘’personne terroriste’’ ».
« La liste annexée au présent arrêté est tenue par la commission de classification des personnes et entités terroristes qui veille à son actualisation et l’afficher sur son site électronique, ainsi que sur le site de la cellule de traitement du renseignement financier », précise l’article 3 du même arrêté.
La première catégorie rassemble les groupes « terroristes». Sans surprise, on y trouve le MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) et le mouvement islamiste Rachad.
La deuxième, quant à elle, contient les noms de leurs membres présumés. Pour le MAK, il est inscrit le nom de son fondateur, Ferhat Mehenni ainsi que de Hanafi Ferhouh, Jugurtha Louerguioui, Brahim Bellabaci, Mourad Itim et Abderahmane Merzoug.
Pour le mouvement Rachad, figurent les noms de ceux qu’on présente comme ses dirigeants, Mourad Dehina, Moahmed Larbi Zitout et de neuf autres personnes, à savoir Amir Boukhors (Amir-DZ), Yahia Mekhiouba, Manar Mansri, Abbas Aroua, Réda Boudraa, Mekki Daouadji Brahim et Rachid Mesli. Dans cette liste, il est cité aussi le nom du journaliste Hichem Aboud.
La publication de l’arrêté « est considérée comme une notification aux chargés de l’exécution pour prendre les mesures nécessaires afin d’interdire de voyager et l’activité de la personne ou de l’entité inscrite et pour saisir et/ou geler ses fonds ou les fonds provenant des biens lui appartenant ou qui dépendent directement ou indirectement de son contrôle ou du contrôle des personnes agissant pour son compte ou qui obéissent à ses ordres » , est-il ajouté. Et de préciser qu’il « sera pris en considération, les droits des tiers de bonne foi ».
Aussitôt publiée, aussitôt retirée
L’arrêté portant la liste des « entités et personnes terroristes » publié hier (jeudi) au journal officiel, a presque aussitôt été retiré. S’agit-il d’une erreur ? D’un faux timing ? Dans les deux cas de figures, la publication puis la suppression, sans aucune explication, de l’arrêté, met en lumière l’imbroglio qui s’est noué autour de la stratégie de répression mise en place par le pouvoir, pour mettre fin à toute forme de contestation ou de critique à son égard.
Le classement, en mai 2020, des deux mouvements, le MAK et Rachad, comme « organisations terroristes », par le HCS (Haut Conseil de Sécurité), a permis, en effet, aux autorités de procéder à des arrestations et des poursuites judiciaires tous azimuts, contre les militants du Hirak et ceux et celles de la Kabylie. Actuellement, plus d’une centaine de personnes croupissent dans les prisons du pays, sous l’accusation fallacieuse d’ «appartenance à une organisation terroriste ».
Pis, certaines sont accusées d'avoir "fomenté des attentats visant les manifestations populaires", parmi elles, des militants, des activistes, des enseignants, des étudiants, des journalistes, des jeunes femmes, des avocats, etc. Quoi de plus efficace que d'agiter la carte du terrorisme, et semer la peur pour vider les rues de ces millions d'Algériens sortis revendiquer un changement du système.
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