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Publié le : 15 Avril, 2020 - 20:35 Temps de Lecture 3 minute(s) 2073 Vue(s) Commentaire(s)

Blocage de Maghreb Émergeant et Radio M : le ministre de la communication, Ammar Belhimer, récidive

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Après une première sortie qui a suscité une vive polémique au sein de la corporation, le ministre de la communication, Ammar Belhimer, récidive en accusant, cette fois, le directeur de Maghreb Émergeant et Radio M, de «diffamation et offense à l’égard du Président de la République». Ainsi, Ammar Belhimer vient de démentir les déclarations qu’il avait lui-même données, deux jours plutôt, sur les raisons qui ont conduit au blocage de ces deux médias.

Le ministre de la communication, Ammar Belhimer, s’est fait une nouvelle fois remarquer ce mercredi avec l’entretien qu’il a accordé au journal arabophone El Khabar, dans lequel il est revenu, entre autres, sur le blocage des deux sites électroniques d’information, Maghreb Émergeant et Radio M. En effet, après avoir mis en garde contre le financement étranger de la presse algérienne, affirmant dans un communiqué publié par l’APS, le 12 avril, que «les financements étrangers de la presse nationale (tous supports confondus), de quelque nature que ce soit et de quelque provenance que ce soit, sont absolument interdits», Ammar Belhimar a accusé cette fois, le directeur des deux journaux, Ihsane Kadi en l’occurrence, de «s’être rendu coupable de diffamation, injure et offense à l’égard du président de la république, dépassant les limites de la déontologie, de la bienséance et de la loi», a-t-il soutenu, avant de sous- entendre que des poursuites judiciaires seront engagées contre lui.

Tout le monde aura compris l’allusion faite à l’article paru le 5 avril dernier, sur les colonnes du journal électronique Maghreb- Émergeant, intitulé : «les 100 jours de malheur de Abdelmadjid Tebboune», signé par Ihsane Kadi. «Le blocage de ces deux journaux est une mesure conservatoire, en attendant la finalisation des procédures de poursuites judiciaires conformément aux dispositions du code pénal et du code de l’information. Ce sont des dispositions qui prennent en charge clairement les situations d’atteinte à l’honneur des personnes, notamment la personne du Président de la république dans l’exercice de ses missions constitutionnelles», a-t-il affirmé.

Contexte de grande tension

Les déclarations du ministre de la communication interviennent dans un contexte de grande tension. Pour les acteurs de la scène médiatique, Ammar Belhimer qui, faut-il souligner, est un ancien journaliste, vient de creuser un sillon de plus dans le fossé déjà bien profond des relations avec la corporation, notamment depuis que trois journalistes ont été emprisonnés, alors que d’autres sont soumis à un acharnement judiciaire sans précédant.

Saïd Salhi, vice-président de la LADDH a estimé que «Ammar Belhimer justifie l’abus et l’attaque ouvertement aux journalistes en insinuant même des poursuites judiciaires. C’est scandaleux ! Il s’érige lui-même en censeur et en justicier à la place de la justice et celle de la présidence de la république, qui n’a pourtant pas réagit à l’article en question», dénonce-t-il sur sa page facebook. Et à Saïd Salhi de poursuivre : «Ihsane Kadi n’a fait qu’exercer son droit dans le cadre de son métier tout comme le journaliste Khaled Drareni qui est en détention. Le ministre a franchi un pas dangereux dans l’atteinte à des droits fondamentaux des droits humains. Il s’agit du piétinement du droit à l’expression ; pierre angulaire de toute démocratie», s’indigne-t-il. Saïd Salhi, qui affirme son soutien indéfectible à Ihsane Kadi, rappelle qu’«il ne peut y avoir de démocratie sans médias indépendants, et il ne peut y avoir de médias indépendants sans liberté d’expression et de presse».

Le journaliste Lyes Hallas, qui a commenté lui aussi les propos du ministre de la communication, s’est posé les mêmes questions. «D’un côté, Belhimer dit qu’il ne peut pas commenter les affaires en justice et d’un autre côté, il juge que Ihsane Kadi a dépassé les limites de la décence et qu’il devrait être jugé. In fine, c’est la faute de Ihsane El Kadi qui a survendu le président Tebboune. Un papier sur les 100 premiers jours d’un président où un gouvernement se conçoit dans des pays où les notions de temps et de compétences ont un sens», regrette le journaliste.

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