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Akram, Borhane, Djaffer, Souhaib, Adam, Walid et Mme Nadia sont des bénévoles qui font partie d'un collectif de citoyens qui va au-devant des sans abris, tous les jours. Leur initiative repose entièrement sur la débrouille et la générosité des citoyens.
Depuis le début de la pandémie du Covid-19, des citoyens ordinaires, issus pour une partie d’entre eux du Hirak, ont décidé de s’engager auprès des sans-abris et des réfugiés qui subissent de plein fouet les conséquences de cette crise sanitaire. De l’action caritative, ils n’y connaissent rien, mais décident malgré tout de franchir le pas avec tout ce que cela implique, surtout pour des non-professionnels comme eux qui risquent d’être dépassés par une réalité qu’ils n’avaient pas soupçonnée.
En effet, fort de ses huit membres, le collectif va au-devant des sans abris, tous les jours. Leur initiative repose entièrement sur la débrouille et la générosité des citoyens. «Nous avons commencé à distribuer des repas chauds aux sans abris dès que la crise sanitaire du Covid-19 a débuté. Nous avions donc déjà établi une liste de ceux qu’on connaissait et dont la localisation était facile pour nous, afin de pouvoir les approvisionner», nous confie Akram, l’un des membres du collectif Tous pour combattre le Covid19. Selon notre interlocuteur, le nombre de sans-abris et de réfugiés augmente chaque jour. «Afin de parer aux imprévus, nous prévoyions toujours des parts en plus, car le nombre de sans-abris augmente chaque jour», déplore-t-il.
L’appel aux dons pour seule option
La précarité des personnes qui vivent dans la rue, s’est dramatiquement accentuée avec cette crise sanitaire. Le fait est qu’ils n’ont nulle part où se confiner. Pourtant, ils sont encore plus vulnérables face au coronavirus, avec la faim qui les guette en plus. Cette situation, on l’a doit malheureusement aux quelques réseaux classiques de «solidarité» obligés de suspendre leurs activités, et par conséquent laissent place aux bénévoles dits «autonomes». C’est le cas du collectif Tous pour combattre le Covid19 qui, en dépit du peu de moyens, a décidé d’agir hors des sentiers banalisés du caritatif. «Au tout début de l’opération, nous cotisions ensemble et c’était relativement suffisant, mais au fur et à mesure que le nombre de sans-abris augmentait, nos moyens baissaient», nous dit-on. Et de poursuivre : «la seule option qu’il nous restait afin de pouvoir continuer notre action c’était de lancer un appel aux dons sur les réseaux sociaux. Très vite, notre appel a trouvé écho et les donateurs ont commencé à affluer».
Entre 90 et 120 repas chauds distribués
Malgré le confinement partiel décidé par l’État, les bénévoles sortent tous les jours à la rencontre des sans-abris que comptent les quartiers de la cité des dépôts ponts, leur offrant nourriture, vêtement mais aussi un peu de réconfort. Crise sanitaire du Covid19 oblige, les bénévoles à savoir, Akram, Borhane, Djaffer, Souhaib, Adam, Walid et Mme Nadia arborent des masques et des gants ainsi que du gel hydroalcoolique et déambulent dans les rues de la cité pour distribuer les repas chauds et les provisions. Plus de 90 personnes ont été servis. «Parfois, nous distribuons 120 repas chauds», confie Akram. Avant d’ajouter : «nous avons également pensé à distribuer des gants et des masques au personnel médical du CHU, et qui nous ont été fournis par un citoyen de Sétif, ainsi que des repas froids pour les médecins confinés à l’hôtel El Bey.»
La débrouille pour palier l’absence de l’État
Ce foisonnement d’initiative citoyenne -car Akram et ses amis ne sont pas les seuls à s’être lancés dans une entreprise aussi louable- a bousculé les associations traditionnels qui, aujourd’hui encore, brillent par leur absence. D’aucuns voient en cela un signe positif de la maturité de la société qui a appris à ses dépens qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même.
Pour certains observateurs en effet, les lourdeurs administratives, les conflits, les clans qu’on connaît aux associations auraient posé un frein à l’action de Akram et ses amis, plus qu’ils n’auraient aidé. Et même si ces derniers ont l’impression d’appliquer un pansement sur une plaie béante, cela ne dissuade en aucune mesure leur détermination et leur engagement, car dans ce cadre précis, il y’a une certaine liberté d’engagement qui correspond à ce qu’ils recherchent, eux, et aussi les gens qui par leur générosité ont décidé de faire des dons financiers ou autres. «Lorsque nous avons lancé l’opération, nous nous réunissions chaque fois chez l’un des membres du collectif. c’était une solution provisoire en attendant mieux, et puis un jour, l’un des bénévoles (Sohaib) nous a proposé son garage où depuis, on entrepose les denrées alimentaires que nous achetons mais aussi les vêtements et les dons que les gens nous apportent», racontent-ils.
La primauté de l’humain
«Nous partons du principe que tout être humain doit être respecté au-delà de son statut de réfugié et nous ne sommes pas là pour critiquer la façon de faire des autorités, mais nous demandons aux activistes de la société civile de prendre cette catégorie de personnes en charge de la manière la plus adéquate et dans le respect et la dignité», souligne Akram en alertant sur la situation des réfugiés subsahariens qui ont été chassés, pendant l’une de leur maraude, du camp où ils se réunissaient. Aussi, beaucoup n’ont pas été approvisionnés. On nous signale la fin de non recevoir des autorités compétentes quand aux demandes incessantes d’autorisation de déplacement pendant les heures de confinement, ce qui rend encore plus difficile la mission des bénévoles.
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