La nouvelle a été annoncée ce matin par sa fille, Asma. Le cinéaste algérien, Nasredine Guenifi, n’est plus ! «Mon père, Nasredine Guenifi, nous a quittés ce matin à 1h21, dans le calme et la paix, entouré de sa famille. Il est parti comme à ses habitudes, discret et sans faire de bruit… », écrit Asma Guenifi sur sa page facebook.
Le grand cinéma continue de perdre ses prodiges. Après le cinéaste Cherif Aggoune, décédé à Paris en décembre 2019, les comédiens Mohamed Djouheri, dit Joe, Chafia Boudraa ou encore Ahmed Benaïssa, venu le tour du cinéaste Nasredine Guenifi, réalisateur entre autres de «Nous n’étions pas des héros», adaptation du livre Le Camp de l’ancien officier de l’ALN et journaliste Abdelhamid Benzine, décédé dans la nuit du dimanche au lundi, 1er août 2022, chez lui à Saint-Denis, banlieue parisienne, à l'âge de 79 ans.
Nasredine Guenifi, né à Constantine, en mai 1943, souffrait depuis quelques mois, mais sa situation s’est compliquée depuis le dernier festival de Cannes, où il était invité. Guenifi a eu un malaise et il a vite été hospitalisé, presque au même moment que le comédien Ahmed Benaïssa qui, lui, a perdu la vie pendant le festival.
Ancien de la télévision publique algérienne, c’est dans cette entreprise nationale que Guenifi a fait ses premier pas dans la réalisation et le cinéma. Comme l’a été son camarade de lutte à la télévision publique, appelée RTA , El Hachemi Chérif, Guenifi était aussi «un infatigable syndicaliste progressiste dans le secteur de l'audiovisuel, un militant du PAGS et un cinéaste humble», témoigne l’écrivain et journaliste, Arezki Metref.
Durant les années 1990, les terroristes islamistes assassinent son fils aîné, Hichem, le 06 juin 1995, ce qui le contraint à quitter l’Algérie où il était lui aussi menacé de mort. Guenifi embarque toute sa famille et s’installe dans la banlieue parisienne où il résidait jusqu’à son décès. Si les gens de son domaine lui reconnaissent beaucoup de qualités dans la réalisation audiovisuelle, Nasredine Guénifi s’est fait connaître auprès du grand public grâce à son dernier film «Nous n’étions pas des héros» (2017), adapté du livre Le Camp de l’ancien révolutionnaire de la guerre d’indépendance, Abdelhamid Benzine. Le film raconte les atrocités subies par le journaliste Abdelahmid Benzine et ses codétenus, dans le Camp militaire d’internement spécial (CMIS) de Médéa. L’histoire s’est déroulée dans ce camp connu sous le nom de Morand ou Boghari, créé spécialement par l’armée coloniale française pour les accueillir, entre février 1961 et juin 1962. Benzine et ses codétenus du FLN et de l’ALN, interpellés par l’armée française arme à la main, étaient torturés jour comme de nuit par des nazis employés par le colonialisme français pour cet objectif.
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