«On est passé d'un chef d’État intérimaire à un chef d’État formel. L'équation reste identique. Bien plus, le mouvement a toutes les raisons de se poursuivre car le coup de force du 12 décembre a été très mal vécu par les populations. Il devra se poursuivre puisque rien n'a véritablement changé»,affirme le militant politique Djamel Zenati, joint par l’Avant-Garde Algérie.
Dix mois de mobilisation pacifique du peuple contre un pouvoir répressif et autoritaire qui a usé de toute ses forces afin d’arriver à cette étape ultime de son maintien, l'élection présidentielle. De son côté, le peuple, qui a ébranlé le monde par l’exemplarité de sa révolution, reste debout malgré les entraves. Le pouvoir, à sa tête la junte militaire dirigée par Gaïd Salah, pense avoir atteint ses objectifs avec ce semblant de légitimité imposé de force par une élection biaisée et jouée d’avance contre la volonté des millions d’Algériennes et d’Algériens. Des centaines de personnes sont poursuivies. D’autres sont emprisonnées, intimidées, tabassées, insultées et gazées par le pouvoir et ses appareils répressives dans le but de rester au trône et sauver le système. Que faut-il faire quand plusieurs jeunes manifestants perdent un œil ? Beaucoup d'Algériens se posent la question de ce que va devenir le mouvement après cette mascarade électorale et à la veille du 44ème vendredi de la mobilisation populaire ! Pour Djamel Zenati, il n’y a aucun doute, le peuple doit garder le cap de la mobilisation et contrecarrer la nouvelle stratégie du pouvoir qui consiste à affaiblir le mouvement. «Maintenant, il reste la réalité du terrain. À première vue, la mobilisation est toujours là. Le test de demain est important. Le pouvoir va s'attacher à présent à affaiblir le mouvement pour pouvoir reconfigurer le champ politique à sa convenance. D'où l'invite au dialogue et les opérations de répression. Le pouvoir a perdu la bataille politique. Il est réduit à l'usage de la force et de la manœuvre», rassure Djamel Zenati.
L’appel du pouvoir au dialogue n’est aucunement initié dans l’intérêt du mouvement populaire. Au contraire, le pouvoir tente à travers cette énième diversion d’affaiblir le Hirak ou, dans le meilleurs des cas pour lui, de le diviser en impliquant des personnes ou des parties de l’intérieur ou proche du mouvement. Certaines ont déjà proposer leurs services. Elles lui ont déjà tendu la main. Mais Djamel Zenati reste optimiste quant à l’avenir du mouvement. Pour lui, le peuple a beaucoup gagner en maturité. «Je reste convaincu que la société a cette fois-ci décidé d'en découdre. Il y a certes tous les parasitages clientélistes. Mais je doute de leur efficacité. Les dix mois de contestation ont bouleversé en profondeur la société. Il y a de nouvelles mentalités, de nouveaux réflexes. C'est solidement ancré à mon sens. La rupture avec le système est réelle. Il faut la pousser à un point de non retour», indique le militant politique.
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