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Accueil À la Lutte Emprisonnement de Amira Bouraoui  : Soufiane Djilali ferait-il volte-face ?
Publié le : 22 Juin, 2020 - 19:35 Temps de Lecture 4 minute(s) 2779 Vue(s) Commentaire(s)

Emprisonnement de Amira Bouraoui  : Soufiane Djilali ferait-il volte-face ?

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Bien que la position de Jil Jadid n’a pas vraiment varié sur le principe fondamental selon lequel il faut donner «la priorité à une politique médiane, de dialogue et de raison», les quelques nuances qu’il a introduites dans son communiqué publié, ce lundi 22 juin, ont de quoi semer le trouble.

Le 28 mai dernier, Soufiane Djilali affirmait sur la chaîne de télévision Sky-News, qu’«il n’y avait pas de répression en Algérie». «N’exagérons pas ! Il y a un certain nombre d’Algériens en prison, un nombre défini et connu. Possible qu’il y ait une part d’arbitraire, nous ne sommes pas encore dans le cadre d’un État de droit… il y a une situation de rapport de force et il y a des pans entiers du Hirak et même d’autres parties qui œuvrent au pourrissement de la situation… et sur les réseaux sociaux invectives et insultes ainsi que le franchissement de certaines limites donc naturellement l’État doit interagir avec cette réalité, mais concrètement, où sont ces dizaines d’opposants dans les prisons ou encore cette large répression… Il y a de l’exagération», a- t-il déclaré . Il soutenait aussi qu’«une composante du Hirak porteuse d’idées radicales demandant le départ, en définitive du noyau même de l’État….des revendications extrémistes sans aucune alternative réelle».

Bien que la position de Jil Jadid n’a pas beaucoup varié sur le principe fondamental selon lequel il faut donner «la priorité à une politique médiane, de dialogue et de raison», il n’en reste pas moins que dans sa sortie de ce lundi 22 juin, il a introduit quelques nuances qui sèment le trouble. Djilali Soufiane serait-il entrain de faire volte-face ?

En effet, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le chef du parti Jil Jadid a réagi à la condamnation de la militante Amira Bouraoui, à «un an de prison ferme», affirmant que «la sentence prononcée par la justice est hors proportions». «La sentence prononcée par la justice contre Amira Bouraoui est à l’évidence hors proportion pour les faits qui lui sont reprochés», affirme-t-il. Et de poursuivre : «débordant souvent sur les règles conformistes et maniant les mots sans politesse entendue, Amira Bouraoui reste une militante engagée, entière et sans fard. Si elle brise souvent le consensus, elle peut aussi oser la rébellion des mots sans mesure.»

Soufiane Djilali qui, pour rappel, était membre fondateur du mouvement Mouwatana en 2019, aux côtés de Amira Bouraoui, continue à défendre celle-ci. «En aucun cas, elle n’a été nocive ou intrigante contre quiconque et encore moins contre son pays. Au contraire, elle a assumé ses convictions pour une Algérie débarrassée de sa mafia lorsque beaucoup se taisaient et se terraient», rappelle-t-il. Et de relever : «au-delà de son drame personnel, sa condamnation pose cependant des questions autrement plus lourdes.»

Djilali Soufiane a -t-il été leurré ?

Force est de constater que le pouvoir établi n’a aucunement la volonté de céder du terrain, encore moins la volonté d’apaiser les esprits. Depuis ce jour fatidique du 12/12, répression, arrestations, censure, harcèlement et emprisonnement des militants et des activistes…l’énumération parle pour elle-même et vaut pour constat.

Mais Djilali Soufiane ne l’a pas entendu de cette oreille et a préféré se ranger du côté du pouvoir. Pourquoi l’a-t-il fait ? Mais ce qui est clair aujourd’hui, c’est que tout ne semble pas se dérouler comme prévu. D’où cette critique à peine voilée qu’il porte contre le pouvoir, tout en s’interrogeant sur «l’efficacité et les objectifs des modes opératoires sécuritaire et judiciaire actuels». «Dans le climat actuel de rapport de force entre un pouvoir qui affirme sa volonté de remettre de l’ordre dans un pays fragilisé par un legs politique des plus lourds et une opinion publique installée depuis longtemps et à juste titre dans la défiance, les modes opératoires sécuritaires et judiciaires actuels interrogent sur leur efficacité et leurs objectifs», estime-t-il. Et de poursuivre : «alimenter sans cesse la symbolique d’un conflit ‘’pouvoir répressif versus des icônes du Hirak’’ ne peut que renforcer une propagande de harcèlement médiatique des agitateurs professionnels pour empêcher toute stabilisation institutionnelle.»

Pour lui, «la politique d’une reprise en main sécuritaire sans véritable apaisement envers des militants intègres quand bien même ils seraient turbulents, ne peut qu’entraver la mise en place des réformes profondes dont a besoin le pays».

Soulignant l’engagement «à maintes reprises» de Abdelmadjid Tebboune à «favoriser le dialogue et à prendre des mesures d’apaisement dans le cadre de ses prérogatives», Soufiane Djilali déplore, en effet, que «le cours des affaires semble s’orienter vers un durcissement».

À cet effet, il rappellera que «l’opinion publique attend et espère toujours le geste promis d’une libération des détenus pour des raisons politiques», tout en insistant sur le fait qu’«une politique médiane, de dialogue et de raison doit être priorisée» et que «le mode de gouvernance devra passer de la méthode du rapport de force à celle du rapport de raison. C’est l’avenir du pays qui est en question !», conclut-il.

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