Les évènements survenus en Kabylie pendant l’été 2021, les incendies et le lynchage de Djamel Ben Smaïl notamment, suivis par les procès en cascades où 54 personnes ont été condamnés à la peine de mort, continuent de susciter les réactions, internationales notamment.
Dans un communiqué diffusé lundi 9 janvier 2023, l’organisation non gouvernementale, Amnesty International, a d’emblée estimé que les procès « sont entachés de violations des garanties d’un procès équitable et d’allégations de torture, tandis qu’au moins six des accusés ont été poursuivis en raison de leurs affiliations politiques ».
« En prononçant des sentences capitales dans le cadre de poursuites collectives à l’issue de procès iniques, les autorités algériennes affichent leur mépris total pour la vie humaine, mais adressent aussi un message très inquiétant sur la manière dont la justice est rendue en Algérie aujourd’hui », a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.
Pour Amnesty International, « infliger la peine de mort n’est jamais justifiable, quelle que soit l’infraction commise ».
« Ces peines de mort et ces condamnations ignobles doivent être annulées sans délai », appelle-t-elle. Et d’ajouter : « les autorités doivent rapidement ordonner la tenue d’enquêtes sur toutes les allégations de torture et de mauvais traitements, et la tenue de nouveaux procès pour les personnes condamnées par contumace ou poursuivies en raison de leurs affiliations politiques. »
Électrocution et menaces de viol des détenus
Dans son réquisitoire, l’organisation de défense des droits humains n’a pas manqué d’évoquer le témoignage des prévenus notamment en ce qui concerne « les actes de torture » dont ils ont été victimes.
« Selon un avocat qui a souhaité garder l’anonymat en invoquant le caractère sensible de ces affaires, au moins cinq personnes reconnues coupables ont dit au juge que leurs déclarations avaient été extorquées sous la contrainte », rapporte Amnesty International.
« Mohamed Laskri a indiqué que des agents des forces de l’ordre l’avaient électrocuté, avaient tenté de le noyer et menacé de le violer pendant sa détention. Le juge a répondu qu’il était de la responsabilité de l’accusé de porter plainte auprès du bureau du procureur », poursuit-on.
Par ailleurs, l’organisation confirme ce que beaucoup de militants avaient déjà dénoncé, à savoir qu’« au moins quatre accusés condamnés à mort en leur absence ne se trouvaient pas en Algérie lorsque les crimes présumés ont été commis ».
« Il est absolument honteux que les autorités algériennes instrumentalisent le lynchage d’un homme pour poursuivre en justice leurs détracteurs et des membres du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Cette répression obstinée est une violation grave des droits à la liberté d’expression et d’association, mais aussi du droit à la vie », conclut Amna Guellali.
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