Le champ médiatique ne cesse de subir l’étouffement des pouvoirs publics en Algérie. Après les restrictions financières qu’ont subies beaucoup d’organes de la presse écrite notamment, dont El Watan, Liberté et El Khabar et l’interdiction de plusieurs émissions jugées offensantes au pouvoir du temps de Bouteflika, plusieurs chaînes de télévision, pourtant proche politiquement du régime militaire, ont été fermées définitivement ou suspendues.
Ce sont au-début, les chaînes étrangères dont France 24 et Al Arabia qui ont fait les frais de cette politique austère à la presse. Leurs bureaux à Alger ont été interdits, au moment où Tebboune reçoit à bras ouverts la chaîne controversée des frères musulmans du Qatar, Al Jazeera, à qui, il a même accordée une interview exclusive d’El Mouradia. Puis, venu le tour des chaînes locales dont Al Hayat, connue pour être proche du pouvoir et des militaires en place, suspendue pour une durée d’une semaine, puis, Lina TV, dont la ligne est jugée par plusieurs observateurs de progressiste, qui a été définitivement fermée.
Hier, le ministère de la communication ainsi que l’autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) ont annoncé dans un communiqué conjoint, «la fermeture de la chaîne El Bilad TV et le retrait de son accréditation pour une durée d’une semaine ainsi que la fermeture définitive d’El Djazairia One».
Le communiqué explique que la décision prise contre El Bilad TV est due au «non-respect de cette chaîne des recommandations liées à la protection des enfants mineurs lors de la diffusion de ses programmes». Le motif évoqué serait lié à la diffusion répétitive des «images du défunt Djamel Bensmail lynché et brûlé». Cette action constitue «une violation flagrante des obligations légales et morales» s’indigne le ministère tutelle et l’ARAV.
Concernant El Djazairia One, la décision du ministère et de l’ARAV est encore plus dure à son encontre. Ces derniers ont décidé de sa fermeture «immédiate et définitive» pour des motifs liés au «non respect des exigences de l'ordre public» et d'autres, en rapport avec «les poursuites judiciaires à l'encontre des fondateurs et gérants de la chaîne», précise le communiqué conjoint. «L’ARAV a enregistré des violations professionnelles provenant de la chaîne El Djazairia One relatives au non respect des exigences de l'ordre public, outre la violation par l'un des associés de cette chaîne de la loi sur l'activité audiovisuelle, laquelle interdit l'acquisition d'actions dans plus d'une chaîne télévisé», explique le communiqué. Et d’ajouter : «aux précédents motifs s'ajoutent "les poursuites judiciaires et le mandat d'arrêt rendu par la justice algérienne à l'encontre des frères propriétaires, fondateurs et gérants de cette chaîne pour infraction à la législation et à la réglementation de change et mouvements de capitaux de et vers l'Algérie, d'une part, blanchiment d'argent, d'autre part.»
Ajouter à cette situation qui laisse à désirer, l’emprisonnement de plusieurs journalistes dont Khaled Drareni et Rabah Karche, qui croupit depuis quatre mois en prison à Tamanrasset où il a été condamné à «une de prison ferme». Plusieurs sites électroniques, dont l’Avant-Garde Algérie, sont bloqués d’accès en Algérie. Pire ! Des titres de presse prestigieux dont celui d’El Watan ont déjà évoqué la possibilité de fermer les portes à cause des restrictions financières qu’ils subissent depuis plusieurs années.
Chaque week-end, recevez le meilleur de l'actualité et une sélection d'événements en vous inscrivant à notre bulletin d'informations.
