Heure de vérité pour le plan que veut imposer le commandement de l’armée et le pouvoir en place sur les algériens, ce jeudi 12 décembre, jour de l’élection présidentielle rejetée par les Algériennes et les Algériens qui manifestent depuis le 22 février pour le départ du système.
Cette journée a été très tendue. À travers plusieurs wilayas du pays, des marches pacifiques, des rassemblements, mais aussi des échauffourées et des affrontements avec la police anti-émeute qui a usé de bombes à lacrymogène et de balle en caoutchouc ont été enregistrés. Des centaines d’arrestations ont été signalées. Le rejet massif de la mascarade électorale a poussé le régime jusqu’à ses derniers retranchements. La répression semble l’ultime moyen.
Manifestation grandiose à Alger
À Alger, une grandiose marche a été organisée ce matin au centre de la capitale, aux cris de «pas de vote avec la bande» et «les généraux à la poubelle, l’Algérie aura son indépendance». Devant l’immensité de la foule, «la police s’est retirée», Affirme Atmane Mazouz, du RCD. Des centaines d’arrestations ont été opérées, le matin, alors que la police a usé de bombes à lacrymogènes dans certains quartiers, notamment à Didouche Mourad. Un homme sexagénaire a même été tabassé dans le tunnel des facultés. Un bondage lui a été mis.
L’opération de vote interrompue à Tizi-Ouzou
À Tizi-Ouzou, wilaya traditionnellement hostile aux opérations de vote du pouvoir, la tension a monté d’un cran au centre-ville, puisque les forces de l’ordre, repoussées par les citoyens qui manifestaient devant un centre de vote, école primaire Ali Hamoutène, ont utilisé des balles en caoutchouc et tiré des bombes à lacrymogène. On a dénombré deux blessés parmi les manifestants. En début d’après midi, c’est toute l’opération de vote qui a été suspendue, suite à des affrontements qui ont eu lieu devant le siège de la wilaya où se trouve également le siège de l’ANIE. Le renfort policier déployé n’a pas empêché la foule, après une marche pacifique, de mettre fin à l’opération. Aucun centre de vote n’est resté ouvert. Idem pour les localités, où «il y a zéro votant», témoignent des activistes sur différentes les pages facebook.
Bejaia : la police se retire
Dans la wilaya de Béjaïa, les citoyens ont fini par chasser la police qui s’est retirée devant la forte mobilisation populaire à proximité des quelques centres de vote. Selon des sources locales, «c’est un jour historique et exceptionnel. Il y a eu 00 votants partout». Pourtant, «quelques escarmouches» ont éclaté à Oued Ghir, Aboudaou et Boukhelifa dans la daïra de Tichy. L’opération de vote serait aussi arrêtée par l’ANIE dans la wilaya. Plusieurs blessés ont été enregistrés notamment à Boukhelifa, où des affrontements ont eu lieu entre les gendarmes et les manifestants.
Des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes à Bouira
À Bouira, le climat était plus tendu encore entre les forces de l’ordre et les citoyens. Les éléments de la police ont fait usages de balles en caoutchouc, outre les bombes lacrymogène, indique Said Salhi, vice-président de la LADDH. Dans l’après-midi, «le siège de la radio locale de Bouira a été envahi par des manifestants qui ont arrêté le direct sur le suivi des élections», a écris un activiste. Les échauffourées ont causé la blessure de quelques manifestants. Ces derniers ont reçu, notamment, au visage des bombes à lacrymogène et des balles en caoutchouc. Plusieurs marches populaires, à forte mobilisation, ont été organisées à Constantine, Sétif, Tlemcen, Ain El Beidha, Tébessa et Bordj Bou Arreridj.
Les grotesques montages de l’ENTV
Pendant ce temps, le mensonge officiel se poursuivait avec de honteuses images fabriquées par la télévision publique sur une pseudo «forte participation» au vote, mais vite démasquées par les internautes. Sur les réseaux sociaux, une internaute a dénoncé les mensonges de cette dernière. Parmi les images des participants au vote diffusées, se trouve celle de son grand-père décédé en 2015.En effet, l’ENTV a sorti des images d’archives pour tromper l’opinion publique. Peine perdue puisque sur les réseaux sociaux, les algériens n’ont pas tardé à dénoncer «le montage de trop» et en plus de «mauvais goût» de "l’Unique".
L’ANIE gonfle le taux
Même l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), qui n’a au fait, rien d’indépendant, a fait dans le mensonge. A 11h, son président, Mohamed Charfi, a annoncé lors d’une conférence de presse que le taux de participation a atteint 7,92 % au niveau national. Un chiffre loin de refléter les comptes rendu partagés sur les réseaux sociaux et qui prouve, si besoins est, que l’on se dirige droit vers l’annonce d’un taux de participation gonflé en fin de journée. C’est dire qu’entre la réalité du terrain et ce que le pouvoir de fait veut transmettre à l’opinion, notamment internationale, pour valider sa mascarade, l’écart est très large. Said Salhi a commenté, d’ailleurs en ironisant : «On assiste à deux Algérie, la virtuelle qui vote massivement dans les médias, et celle du peuple qui refuse massivement le vote».
Nacer Bouteflika, ancien secrétaire général du ministère de Transport et frère de Abdelaziz Bouteflika, filmé ce matin par les télés soumises à Gaïd Salah en train de voter
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