C’est un autre assassinat pour Rahima et sa fille Manel. En effet, le juge d’instruction chargée de l’affaire du meurtre de cette jeune maman et sa fille, perpétré le 9 mars dernier à Béjaïa par le frère de la victime pour «besoin d’exorcisme», comme cela a été annoncé au début de l’affaire, a décidé de qualifié cet horrible assassinat de «homicide involontaire». Cette décision a mis le collectif de soutien et beaucoup de féministes dans tous leurs états. Le collectif de soutien aux deux victimes, basé en Algérie et à l’étranger (France, Canada, Usa…), dénonce ladite décision et crie au scandale. «Alors que dans cette action en justice, notre unique crainte était la falsification de l’état de santé psychologique du principal suspect. Rien ne nous laissait penser à une autre alternative. Or, avec l’avancée de l’enquête, il a été porté à notre connaissance que le présumé coupable a reconnu les deux meurtres en insistant sur sa pleine capacité mentale au moment des faits et qu’il a également décidé d’assumer l’entière responsabilité pour dédouaner ses présumés complices. Malgré cela, et avec tous les éléments instruits dans le dossier, avec un rapport d’autopsie des plus clairs et détaillés, nous avons été informés le 14 juillet 2021 que le juge d’instruction avait délivré une ordonnance en s’appuyant seulement sur l’article 264 alinéa 4 du code pénal disant : ‘’Si les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans intention de donner la mort l’ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de la réclusion à temps, de dix (10) à vingt (20) ans’’», dénonce le collectif dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
Et d’ajouter : «après un début d’instruction axé sur l’homicide volontaire, un nouveau juge a été désigné en instruisant sommairement le dossier pour rendre une ordonnance réduisant ce drame à ‘’des coups et blessures sans volonté de donner la mort’’. Tout cela sans avoir lui-même pris le temps d’auditionner les témoins !»
Pour rappel «Rahima est morte entre les mains assassines de son frère et par ses coups incessants. Manel est décédée suite à l’étranglement effectué par ce dernier devant sa maman agonisante avant qu’il ne s’acharne de nouveau sur Rahima», précise le collectif. Et de s’interroger : *«comment veut-on nous faire croire que ce fût sans intention de donner la mort ?! Quelle autre finalité que la mort ?! L’exorcisme déguisé en Roqia est uniquement l’arbre qui veut cacher la forêt. L’intention de tuer était claire en s’invitant ce jour-là chez les victimes ! Un tel criminel peut-il se voir à nouveau en liberté dans 15 ans !»
Le collectif explique qu’il souhaite s’adresser directement au Ministère de la justice a qui il demande de qualifier ce double meurtre de «homicide volontaire avec préméditation», selon les articles 254, 255, 256, 257, 258, 259, 261, 262, 263 du code pénal. «Nous demandons également que les présumés complices soient poursuivis conformément aux articles 42, 255, 256, 257 de ce même code. Tout est dans le dossier. Si la mort de Rahima est qualifiée par le juge comme accidentelle, celle de Manel confirme tout le contraire», insiste-t-il dans le même communiqué.
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