«Le Parlement vient de voter massivement notre résolution de soutien au Hirak. Quand des millions d’Algériennes et d’Algériens se mobilisent depuis des mois pour la démocratie, ce ne sont pas les lobbies pétroliers ou gaziers qui doivent nous maintenir dans ce silence complice», déclare Raphaël Glucksmann, député européen d’originaire française, sur sa page facebook.
La résolution de soutien au peuple algérien, annoncée, il y a quelques jours, par le député européen, Raphaël Glucksmann, a été votée aujourd’hui par le parlement européen.
Réunis à Strasbourg, 80 parlementaires ont condamné les violations des droits humains en Algérie et accusé le pouvoir algérien, à sa tête Gaïd Salah, «d’empêcher le peuple algérien d’accéder à la démocratie et à la liberté».
Le parlement européen condamne fermement l'arrestation, la détention, l'intimidation et la répression arbitraires et illégales contre les journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l'homme et de la société civile, ainsi que de manifestants pacifiques ayant pris part à des manifestations pacifiques pendant le mouvement.
Il exige des autorités algériennes la libération immédiatement et inconditionnelle de tous les détenus dans l'exercice de leur droit à la liberté d'expression, notamment Hakim Addad, Abdelouhab Fersaoui, Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Ahmed Boudraa, Kamel Ould Ali, Karim Tabbou, Ahcene Kadi, Wafi Tigrine, Kheireddine Madjani, Samir Belarbi, Fodil Boumala, Lahkdar Bouregaâ, Samira Moussousi, Ibrahim Daouadji, Salah Mouati, Sofiane Mirakchi, Azab Sheikh et tous les défenseurs des droits humains et les journalistes détenus arbitrairement, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ratifiés par l'Algérie.
Le parlement européen appelle à la levée de la peine avec sursis et l’interdiction de voyager imposés à Souleiman Hamitouche, Abdelmoundji Khaldi et le journaliste et rédacteur en chef du quotidien régional, Le Provincial, Mustapha Bendjama.
Il demande aux autorités algériennes de mettre un terme à toutes les formes d'intimidation, notamment le harcèlement judiciaire et législatif, la criminalisation, les arrestations arbitraires, la détention de manifestants pacifiques et de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes critiques et de blogueurs, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer leur protection physique et psychologique, leur sécurité et leur liberté, afin de mener à bien leurs activités légitimes et pacifiques. Il les appelle à garantir, par la même occasion, les droits à la liberté d'expression, d'association, de réunion pacifique et aux médias, garantis par la Constitution algérienne et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Algérie a signé et ratifié.
Concernant les minorités religieuse, le parlement européen demande la fin des violations de la liberté de culte des chrétiens, des Ahmadis et des autres minorités religieuses. Il rappelle au gouvernement algérien que le décret 06-03 garantit la liberté de culte. Il lui demande de rouvrir leurs lieux de culte respectifs et respecter la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction, garanties par la Constitution algérienne et par le pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le parlement se dit préoccupé par les tracasseries administratives que connaissent les minorités religieuses en Algérie.
Il appelle les autorités algériennes à modifier la loi n° 91-19 du 2 décembre 1991 qui interdit les manifestations dans la capitale et qui s’applique généralement dans tout le pays, celle sur les associations n° 12-06 de 2012 et à engager un dialogue authentique et inclusif avec les organisations de la société civile afin de définir une nouvelle loi conforme aux normes internationales relatives aux droits humains.
Le parlement condamne fermement le recours excessif à la force ayant conduit à la mort de Ramzi Yettou par les membres des forces de sécurité et de traduire les responsables en justice. Il souligne que l'indépendance de la justice est un élément essentiel du travail de la démocratie et appelle les autorités algériennes à promouvoir et à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et demande aux autorités d'empêcher efficacement tout recours excessif à la force par les forces de l'ordre lors de la dispersion des rassemblements publics.
Il invite le service européen pour l'action extérieure, le Comité et les États membres à soutenir les groupes de la société civile, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les manifestants, notamment en organisant des visites dans les prisons, le suivi des procès et par des déclarations publiques, en faveur des organisations de défense des droits humains ; ainsi que de suivre de près la situation des droits humains en Algérie par le biais de tous les instruments disponibles, y compris l'instrument européen pour la démocratie et les droits humains.
Le parlement salue la reconnaissance constitutionnelle de Tamazight comme langue officielle en 2016 et encourage son application concrète. Il demande la libération immédiate et inconditionnelle des 42 manifestants arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh.
En fin, le parlement affirme avoir chargé son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à la délégation de l’Union européenne à Alger, au gouvernement algérien, au Secrétaire général des Nations unies, au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et au Conseil de l’Europe.
Dans le cadre de la solidarité internationale entre les peuples et afin de dénoncer la complicité des États avec le pouvoir algérien qui réprime, depuis neuf mois, son peuple pacifique, plusieurs organisations algériennes d’Algérie, de l’Europe ou de l’Amérique, des avocats, des défenseurs des droits humains et des militants ont participé ensemble à mettre pression sur les institutions internationales, notamment européennes, dont le parlement européen, afin de parvenir à une telle résolution.
Lors de son intervention, Raphaël Glucksmann a rappelé qu’«il ne s’agissait pas d’une ingérence étrangère mais de soutien à un peuple qui se bat pacifiquement pour la démocratie».
Raphaël Glucksmann qui dénonce le silence du parlement et des États membre dont la France sur ce qui se passe en Algérie a considéré cette résolution comme une victoire. Il a aussi dénoncé l’influence des lobbies économiques notamment Français, représentés par ENI et Total, qui, selon lui, ont exercé des pressions énormes sur le parlement afin d’éviter toute discussion sur l’Algérie.
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