L’initiative des Journalistes Algériens unis (JAU) a dénoncé le harcèlement que subit le journaliste Mustapha Bendjama, rédacteur en chef du journal de l’Est Le Provincial, à maintes fois arrêté puis relâché, et qui devra comparaitre, aujourd'hui, devant le tribunal d’Annaba.
«Nous, journalistes et membres du groupe Journalistes Algériens Unis, dénonçons avec force l’escalade du harcèlement dont fait les frais notre confrère journaliste Mustapha Bendjama qui sera jugé aujourd'hui, 8 décembre 2019, par le tribunal d’Annaba», indiquent les animateurs de cette initiative, dans un communiqué de solidarité et de dénonciation.
Ils rappellent que Bendjama est poursuivi pour «rassemblement non-armé, appel à rassemblement non-armé et entrave à l’accomplissement de la campagne d’un candidat à la présidentielle». Des faits qui lui ont été collés le 4 décembre dernier, suite à son arrestation alors qu’il couvrait la manifestation populaire organisée dans la ville d’Annaba contre le meeting d’Ali Benflis.
Pour les JAU, les arrestations et les procès intentés contre des journalistes indépendants n’ont d’autre objectif que de «les affaiblir et réprimer la liberté d’expression en Algérie». Ce qui reflète «l’expression de la nature répressive et dictatoriale de ce système» et dont le but est, «d'infliger des peines disproportionnées contre des infractions totalement imaginaires, de terroriser les journalistes et les militants et leur faire passer un message clair».
Les rédacteurs du communiqué qualifient ces poursuites judiciaires et jugements que subissent des confrères, comme «une atteinte inacceptable contre la liberté de la presse et une transgression flagrante contre les obligations des autorités algériennes envers les accords et pactes internationaux ratifiés».
Quant aux procès intentés contre les journalistes, ils «sont politisés et sans aucun rapport avec la loi», ce qui témoigne à nouveau «du manque d'indépendance du pouvoir judiciaire algérien», assènent-ils, rappelant au passage que trois journalistes sont, actuellement, en détention en raison de leur travail, alors que d'autres personnes sont sous contrôle judiciaire.
À travers la déclaration, les JAU demandent aux autorités algériennes de «ne pas porter préjudice au travail journalistique et d'arrêter les poursuites judiciaires contre les journalistes ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle des confrères détenus».
Enfin, les membres de cette initiative expriment leur «soutien et solidarité absolue» à Mustapha Bendjama, ainsi qu'à tous les journalistes arrêtés et poursuivis injustement, et s’engagent «à continuer à défendre leur liberté, ainsi que la liberté d'opinion et d'expression dans le pays».
A signaler que depuis des mois, les médias en Algérie sont soumis à une terrible pression exercée à travers le chantage de la publicité étatique (Anep), alors que les journalistes sont constamment surveillés pour leurs écrits et positions affichées sur les réseaux sociaux. Les chaînes de télévision privées, après avoir couvert la révolution populaire du 22 février, durant les premières semaines, ont carrément fait un virage à 180° s’alignant derrière le plan du chef d’État-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, véritable détenteur du pouvoir, à imposer une élection présidentielle par la force.
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