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Publié le : 14 Décembre, 2019 - 13:00 Temps de Lecture 3 minute(s) 3086 Vue(s) Commentaire(s)

Président affaibli, Tebboune tend la main au Hirak pour un dialogue

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Abdelmadjid Tebboune tend la main au Hirak pour un dialogue ! Pourtant, celui que le régime vient d’introniser nouveau Président de la république, à l’issue d’une élection présidentielle boudée et rejetée par le peuple, voire truquée de bout en bout, ignore qu’il ne jouit pas de la légitimité lui permettant d’envisager un quelconque dialogue. Tebboune est un "Président" affaibli. Lors de sa conférence de presse ce vendredi 13 décembre, après l’annonce des résultats par le président de l’Autorité nationale des élections ANIE, Abdelmadjid Tebboune crédité de 58,15% des suffrages exprimés (selon les chiffres officiels), a appelé au dialogue. «Je m’adresse directement au Hirak à qui je tend ma main, pour un dialogue sérieux pour l’Algérie et l’Algérie seule», a-t-il déclaré. Dans la journée, ce même Hirak s’exprimait dans la rue, rejetant l’intronisation par le commandement de l’armée, d’un enfant du régime. Il ne faut pas oublier que Tebboune est l’un des fidèles de l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika qui a régné 20 ans sur le pays. «Olé Ola, Ya Tebboune El cocaïne», scandaient les manifestants sortis par dizaines de milliers dans les rues de la capitale, Alger, à Tizi-Ouzou, à Bejaia et dans d’autres wilayas du pays.

Fraude

En entamant ce qui est appelé désormais «saison II du Hirak», les algériens ne reconnaissent pas cette élection. D’ailleurs, si l’on venait aux chiffres, il y a 60% des électeurs inscrits qui ne sont pas allés aux urnes. Le taux de participation à cette mascarade n’a pas dépassé les 40%. Encore, ce chiffre est à prendre avec des pincettes vu les soupçons qui entourent la transparence du scrutin. Des indiscrétions parlent en effet d’un taux de participation qui ne saurait dépasser les 10%. Tout le monde aura constaté que les algériens n’ont pas voté. À Tizi-Ouzou et à Bejaia, il y a eu 0% de vote. Ailleurs, l’ENTV a fait dans le montage des images, tandis que dans certains centres, c’est les jeunes militaires qui ont été filmé dans une file pour montrer des opérations de vote. Dans plusieurs wilayas, la police a réprimé des manifestants qui ont marché le jour du vote. Pour le tout nouveau Président, il sera tellement difficile de s’imposer lorsqu’on est «élu» avec seulement 4,9 million d’électeurs sur plus de 24 millions, soit moins de 20% du corps électoral en Algérie qui compte 44 millions d’habitants dont les deux tiers sont des jeunes.

Manque de crédibilité

Agé de 74 ans, Tebboune n’a pas échappé aux critiques et slogans hostiles des manifestants aujourd’hui, à l’occasion du 43e vendredi. «Nous ne le reconnaissons pas comme Président», disent les marcheurs. À Alger, la capitale était noire de monde encore pour rejeter et l’élection et ses résultats, tout comme à Tizi-Ouzou, à Bouira, à Bejaia, à Constantine, à Annaba et à Jijel. Pendant qu’il «prêchait» lors de sa conférence de presse, des manifestants à l'Ouest du pays, notamment à Oran et Sidi Bel Abbès se faisaient réprimer avec une rare violence par la police. Les algériens ne comptent pas rentrer chez eux, c’est une certitude. Le Hirak saison II ne venait que de commencer. Tout cela fait de Abdelmadjid Tebboune, «un Président affaibli» qui trouvera beaucoup de mal à marquer son territoire.

Une marionnette !

En plus, c’est un secret de Polichinelle que l’homme sera entre les mains de Ahmed Gaïd Salah, chef d’État-major de l’armée, véritable homme fort de l’Algérie et qui, depuis la chute de Bouteflika, s’est imposé comme celui qui décide de tout en Algérie. Même la date de la convocation du corps électoral, rappelle-t-on, a été faite par lui, des jours avant que Abdelkader Bensalah ne s’applique. Hier, dans l'après-midi, Tebboune n’a pas manqué de rendre «un hommage particulier  au moudjahid, Ahmed Gaïd Salah». La messe est dite et l’allégeance est vite déclarée.

Un enfant du régime périmé

C’est dire qu’en fin, l’investiture de Tebboune ne sera pas de tout repos. Il sera isolé au Palais d’El Mouradia par un peuple qui continuera à manifester dans la rue «pour le départ du régime», « le départ de ses symboles» et «pour un changement radical». Au fait, Tebboune est visé dans les trois slogans en question. L’homme est un enfant du régime, un symbole qui a longtemps accompagné Bouteflika et surtout est loin de représenter un quelconque renouveau, lui qui promet «une nouvelle Algérie». Il suffit de savoir qu’il traine derrière lui des casseroles en lien avec des soupçons de corruption, pour en juger…

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