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Publié le : 04 Décembre, 2019 - 14:00 Temps de Lecture 3 minute(s) 1925 Vue(s) Commentaire(s)

Procès d’ex-hauts responsables au Tribunal de Sidi M’hamed : Ouyahia nie les accusations et demande l’application de l’article 177 de la Constitution

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Devant le juge, l’ancien Premier ministre sous Bouteflika, Ahmed Ouyahia, a nié toutes les accusations de corruption et d’attribution de privilèges dans le cadre des projets de montage de véhicules, dont ont bénéficié plusieurs patrons.

Le procès ouvert ce mardi, 4 décembre, au tribunal de Sidi M’hamed à Alger, a branché tous les regards. Au box des accusés, deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, trois ex-ministres de l’Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Beda, en plus de Abdessalem Bouchouareb en fuite, l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, l’ancien wali de Tipasa, Mounia Zerhouni, et enfin trois patrons, Hassan Larbaoui, de KIA Motors Algérie, Mohamed Baïri, de Ival et Ahmed Mazouz, propriétaire du groupe éponyme.

Dans le hall du tribunal était accroché un écran transmettant ce qui se passait à l’intérieur de la salle d’audience qui ne pouvait contenir la foule venue assister au procès de ceux qui, durant des années, faisaient le beau et le mauvais temps dans le pays. La majorité des avocats de la défense s’est retirée contestant «un procès politisé» et dénonçant la décision du magistrat qui a fait la jonction entre trois dossiers distincts à savoir celui des hauts fonctionnaires de l’État, celui lié à Mohamed Baïri et Ahmed Mazouz, et l’autre concernant Hassan Larbaoui. Appelé à la barre, Ahmed Ouyahia a demandé l’application de l’article 177 de la Constitution. Ce dernier stipule qu’«il est institué une Haute Cour de l’État pour connaître des actes pouvant être qualifiés de haute trahison du Président de la République, des crimes et délits du Premier ministre, commis dans l’exercice de leur fonction». L’article précise aussi que «la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Haute Cour de l’État, ainsi que les procédures applicables, sont fixés par une loi organique».

Peine perdue, puisque l’ancien Premier ministre sera amené à répondre aux questions du juge qui l’interrogea sur les privilèges accordés dans le cadre des projets d’usines de montage automobile. «Les décisions du CNI étaient celles de 11 ministres et du représentant du Président», a rétorqué Ouyahia, expliquant que son «objectif» était de «créer des postes d’emploi et de la richesse hors hydrocarbures». Les chiffres en la matière sont faramineux. Le juge dira face à l’accusé que les privilèges accordés ont coûté 11 000 milliard Da au trésor alors que les exonérations ont coûté 177 milliards Da au trésor public. Ahmed Ouyahia affirme qu’«elles ont été attribuées en application de la loi». Niant l’accusation d’abus de fonction, l’ancien Premier ministre a renvoyé la balle dans le camp du ministère de l’Industrie et celui des Finances en ce qui concerne l’accord et le suivi des projets, rappelant au passage qu’«entre novembre 2017 et mars 2018, la période n’était pas suffisante pour s’adapter au cahier des charges». «Je ne suis pas un technicien. Le ministère de l’Industrie est en charge du suivi des normes», déclare-t-il devant le tribunal. Et d’ajouter : «tout ce qui a été décidé au sein du CNI (Conseil national de l’investissement, Ndlr),n’a pas été rejeté par le ministère des Finances».

Sur le plan personnel, le mouvement des transactions effectuées sur les comptes de l’ancien Premier ministre, a atteint 30 milliards de centimes, a révélé le juge qui lui demandera sur l’origine des sociétés détenues par son fils et sa femme. Ahmed Ouyahia a nié, encore une fois, l’existence d’une société au nom de sa femme, alors que pour celle détenue par son fils, il répond en disant qu’«elle a été créée dans le cadre de l’ANSEJ».

Le procès se poursuit toujours avec l’appel à la barre de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui devra répondre, outre les privilèges et abus de fonctions, sur le financement de la campagne électorale du candidat Abdelaziz Bouteflika qui s’apprêtait à briguer un 5e mandat. «Le procès du siècle», comme tentent de le présenter les tenants du pouvoir en place, intervient à quelques jours seulement d’une élection présidentielle à haut risque et rejetée par l’écrasante majorité du peuple algérien. «Une diversion», dénoncent nombre d’observateurs de la scène politique. À travers cette parodie sous une justice aux ordres, le pouvoir veut dévier le débat autour du rejet de la mascarade électorale pour amener l’opinion à se concentrer sur une pseudo-lutte contre la corruption.

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