La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), dérape ! Au lieu d’ouvrir une enquête sur la répression sanglante de manifestants vendredi à Oran et déterminer les auteurs de cette «barbarie» parmi ses éléments, voilà qu’elle se justifie et se défend avoir agi conformément à la relation qui la lie avec les citoyens.
Dans un communiqué publié ce dimanche 15 décembre, la DGSN parle de «contenus malveillants manipulés et véhiculés par des personnes malintentionnées visant à altérer l’ordre et la tranquillité publics» relayés sur les réseaux sociaux. Ces contenus, ajoute la DGSN «ont mis en scène des images prises à Oran, prétendant outrageusement qu’il s’agissait d’une répression de manifestants du Hirak, le vendredi 13 décembre 2019, en tentant de ternir l’image d’une institution Républicaine au service de la société et qui ne ménage aucun effort pour protéger le citoyen et ses biens».
Or, affirme-t-elle encore, les images en question «concernent un groupe d’individus venus spécialement le jour de scrutin, à savoir le jeudi 12 décembre 2019, pour empêcher matériellement les citoyens d’exercer leurs droit constitutionnel, en infraction aux lois et règlements, et au mépris des institutions et des personnes, ainsi que toutes règles de citoyenneté et de liberté fondamentales, consacrées par la constitution».
Mais, admettons que cela est vrai, c'est-à-dire que les images remontent à jeudi, est-il permis aux forces de l’ordre d’agir de la sorte et réprimer des citoyens qui manifestaient pacifiquement ? C’est là, la question. En se justifiant ainsi, la Police se donne le droit de frapper, de matraquer, d’injurier, d’insulter, d’assener des coups et de bousculer des femmes et des hommes, voire même des enfants. Pire, les vidéos largement relayées sur le net montraient un policier entrain de gazer à la bombe lacrymogène des citoyens pacifiques, droit dans le visage.
«C’était horrible», comme a témoigné l’enseignante universitaire qui a assisté et été victime de cette répression. Pourtant, la DGSN s’est focalisée sur la date des images au lieu de se concentrer sur les faits. Une diversion ! Plus grave encore, elle pointe du doigt des «manipulateurs d’images» qui cherchent, selon elle, à tromper l’opinion publique en «déformant» ce qu’elle qualifie d’un «acte visant à préserver l’ordre et à protéger les Droits de l’Homme et du citoyen contre les atteintes à son intégrité physique et morale ainsi qu’à ses droits fondamentaux».
La DGSN affirme enfin qu’elle «a agi et agira conformément aux principes régissant sa relation avec le citoyen» et a chargé l’inspection Régionale de Police de la région Ouest, de «procéder aux vérifications nécessaires de manière à faire la lumière sur cette question».
Rassemblement populaire à Béjaïa pour dénoncer la répression contre les manifestant.e.s pacifiques à Oran
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