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Publié le : 27 Juin, 2020 - 11:40 Temps de Lecture 6 minute(s) 20805 Vue(s) Commentaire(s)

Saïd Sadi porte plainte contre le mouvement islamiste Rachad et Amir DZ

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Saïd Sadi a annoncé, ce jeudi 25 juin sur sa page Facebook, qu’il comptait porter plainte contre ceux qu’il a qualifiés de «délinquants politiques», à savoir Larbi Zitout et le facebooker Amir DZ.

L’ancien président du parti Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Saïd Sadi, va de nouveau se lancer dans une action judiciaire pour «accusations calomnieuses», cette fois-ci, contre Rachad, une mouvance islamiste établie en Europe, notamment à Paris, en Suisse et à Londres, et l’un de ses leaders Larbi Zitout, ainsi que le facebooker Amir DZ. «Pour ce qui me concerne j’ai adopté une démarche simple. Les délinquants politiques doivent être traînés devant les tribunaux. Et c’est ce qui sera réservé cette fois encore aux accusations de ces deux énergumènes», affirme Saïd Sadi sur sa page Facebook.

En effet, jeudi 25 juin 2020, date anniversaire de la mort de Lounes Matoub , Larbi Zitout a accusé, dans un live diffusé sur sa page Facebook, Saïd Sadi «d’avoir été impliqué, aux côtés de l’ex député Nouredine Aït Hamouda, fils du martyr de la révolution Amirouche, dans l’assassinat du chanteur kabyle». «Matoub Lounes est idolâtré par les Kabyles, mais certains d'entre-eux sont complice dans son assassinat», déclare Larbi Zitout. Et d’ajouter : «certains noms ont été avancés, dont celui du fils du martyr Amirouche, Nouredine Aït Hamouda et celui de l’ancien président du RCD, Saïd Sadi». La réaction de Saïd Sadi ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué posté ce vendredi, 26 juin 2020, sur sa page Facebook, il affirme : «je m’étais interdit de m’épancher en ce 25 juin sur l’assassinat du Rebelle. Sa mort a été triturée tant de fois, marchandée et souillée que ses amis ont fini par préférer le recueillement intime. Trois procès en diffamation ont été engagés et gagnés contre ses croque-morts politiques.» Il poursuit : «on pensait que les manœuvres post mortem qui pesaient sur sa disparition allaient rester sur le terrain vénal. Car sur le fond, son œuvre était suffisamment puissante et claire pour dissuader les charognes. Notamment les intégristes. Qui eut cru que ces derniers auraient osé une opération de récupération de celui qui fut leur plus emblématique ennemi ? Eh bien, ils l’ont fait. Toute honte bue.»

Sans les citer nommément, Saïd Sadi estime qu’«hier et aujourd’hui, ce sont deux individus appartenant à la mouvance qui l’a enlevé et qui ne l’a relâché que sous la pression de centaines de milliers de citoyens qui ratissaient monts et vaux pour le retrouver, la mouvance qui l’a assassiné pour son propre compte ou celui de ceux qui lui ont vidé un chargeur dans l’abdomen qui veulent nous le voler et faire dire à son combat le contraire de ce qui l’a animé. Il se trouve que Matoub a dit haut et fort ce qu’était sa conception de la vie, sa vision de la cité et ses idées sociétales. Matoub a déclaré publiquement : ‘’Je ne suis pas arabe et je ne suis pas obligé d’être musulman’’». Et de poursuivre : «avant ces criminels, d’autres opportunistes ont tenté de lui inventer une vie de bigoterie pour monnayer leur proximité avec lui. Lounes Matoub était athée et nous devons veiller à ce que ce choix soit respecté. Je l’ai accompagné à l’hôpital Villejuif où était hospitalisé son père pour une grave maladie. Se sachant condamné, ce dernier lui avait demandé devant moi de ne pas organiser de cérémonie religieuse à sa mort. Le Rebelle a respecté ce vœu. Nous étions des centaines à avoir accompagné son père à sa dernière demeure. Il a exigé qu’aucun chant sacré, aucune prière ne soient prononcés pendant le cortège funéraire et lors de l’inhumation. Ce jour-là, Lounes a invité les femmes à rentrer dans le cimetière alors que la tradition le proscrit. On aurait aimé que son courage intellectuel soit salué, que des journalistes, des observateurs qui revendiquent son amitié aient eu le courage de rapporter ce qu’ils ont constaté et que lui assumait au vu et au su de tous.»

C’est à cette catégorie qu’appartiennent les deux aboyeurs de Rachad qui viennent de profaner la mémoire de Lounes, atteignant du même coup l’honneur de tous ceux qui ont partagé son rêve d’une Kabylie fidèle à elle même et l’avènement d’une Algérie laïque, libre et démocratique. Les ennemis de Lounes n’ont pas pu l’intimider de son vivant. Ils sont obligés de parasiter son âme pour tenter de se rapprocher de lui afin de brouiller son parcours et son œuvre qui défient leur délire et nourrit la jeunesse. À cet effet , il dira avoir «adopter une démarche simple». «Ces délinquants politiques doivent être traînés devant les tribunaux. Et c’est ce qui sera réservé cette fois encore aux accusations de ces deux énergumènes. La forfaiture d‘aujourd’hui doit être punie parce qu’il est de notre devoir de protéger tout ce que Lounes a chanté avec talent, générosité et ferveur ; nous devons aussi protéger une vie d’honneur et de sacrifices dédiée sans ambiguïté à la lutte contre l’intégrisme et le système qui leur a abandonné l’école et le destin de la femme, notamment», annonce-t-il. Et d’appeler enfin «les alliés kabyles de Rachad à se réveiller, qu’ils comprennent enfin que cette organisation est la pire des menaces qui pèsent sur la Kabylie en particulier et le pays en général. Pour leur partenaires, l’homme libre doit être soumis. S’il refuse la soumission il doit être tué. S’il est mort digne, sa vie doit être récupérée ou néantisée».

«Vers l’aliénation de la Kabylie»

Le mouvement Rachad est-il réellement démocrate ? En tous cas, c’est ce qu’il prétend être sur son site internet où on peut lire que «le mouvement a été créé dans le but d’apporter un changement radical en Algérie et de rompre avec les pratiques politiques en cours depuis l’indépendance et de redonner espoir au peuple algérien. Rachad entend œuvrer pour l’instauration d’un État de droit régi par les principes démocratiques et de bonne gouvernance».

Beaucoup d’observateurs avancent que les islamistes, à travers le mouvement Rachad, s’étaient réconciliés avec la démocratie. Qu’ils ne représentaient aucun risque, et que hormis sur l’espace virtuel, ils n’avaient aucune réelle assise en Algérie. Ils partaient de l’idée que, comme ces derniers participent depuis le début de la révolution du 22 février 2019, à toutes les marches du vendredi et du mardi, à se réunir sur la même table avec les personnalités politiques du du Hirak, issues de la mouvance démocratique, que leur slogans ne faisaient jamais référence à leur leaders, dont Mourad Dhina, ancien cadre du parti dissous (ex- FIS) ou encore à leur idéologie islamiste, ils adhéraient par conséquent, au principe de la démocratie.

Mais la réalité est toute autre. S’il n’est pas à l’origine de ce «réveil de conscience des algériens», le mouvement Rachad met une énergie certaine à amplifier et à accompagner la révolution populaire, en Kabylie notamment, bastion des luttes démocratiques et fief de l’anti-islamisme. Il joue la carte du «plus kabyle» que les kabyles eux-mêmes, en surfant sur leurs sensibilité identitaire, mais surtout leur symboles, Matoub Lounes, en est le parfait exemple.

À travers les apparitions répétées de leur leaders, Larbi Zitout, Mourad Dhina ou encore Amir DZ, Rachad mène une campagne ardue aux fins de confisquer le mouvement populaire en le faisant dévier de son sens premier et même à le vider de son caractère révolutionnaire. Il s’attaque aussi aux faiseurs d’idées, porteurs de projets démocratiques et progressistes, aux partis politiques et aux figures du Hirak, susceptibles d’être ses représentants. Il va même jusqu’à monter les Kabyles les uns contre les autres, dont le dernier épisode est l’accusation portée par Larbi Zitout et Amir DZ, contre Said Sadi, qui aurait, selon eux, était complice dans la mort de Matoub Lounes. Le comble, c’est que se sont ceux-là même qui considéraient, il n’y a pas si longtemps, Lounes Matoub comme ennemi numéro un de Dieu, prétendent le vénérer et vont jusqu’à lui rendre hommage. «Ils disent qu'il n'y a pas de terroristes en Kabylie ! Ce qu'ils refusent d'avouer, c'est que nous les avons chassés. Mais si nous avions écouté Ali Belhadj et autres de leurs larbins , on finirait comme un bout de viande dans un couscous. Heureusement qu'il y a des hommes comme vous, comme Saïd Sadi et beaucoup d'autres. La résistance ce n'est pas la capitulation, c'est ici», disait Matoub Lounes, lors d’un concert qu’il a donné à Tizi Ouzou, en 1995.

D’ailleurs, Saïd Sadi qui récidive, ce vendredi 26 juin, dans une publication qu’il a postée sur sa page Facebook, affirme qu’en «en Algérie, Rachad qui a tenté d’anesthésier la Révolution du 22 février par la fatwa interdisant ‘’l’idéologie’’ a, entre autres missions, celle d’aliéner la Kabylie. Des spécialistes turcs revisitant l’histoire de la Régence ont expliqué à Erdogan que tant que cette région n’est pas domestiquée, le projet islamiste sera sous hypothèque en Afrique du Nord». Et pour ce faire, «deux recommandations sont faites à Rachad», selon l’ancien président du RCD : «renoncer aux violences collectives commises par le FIS dans ‘’la province du Djurdjura’’ pour privilégier la séduction et surfer sur les luttes qui y ont été menées en jouant de la ruse pour parvenir à un détournement d’un combat contre lequel la force brutale a montré ses limites. Ankara et Doha conseillent la stratégie du judoka, d’où l’entreprise de captation-pollution du patrimoine symbolique et mémoriel kabyle. Par contre, la violence politique ne doit épargner aucun site, acteur ou expression dès lors qu’ils sont identifiés comme étant insolubles dans la nouvelle stratégie.»

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