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Accueil À la Lutte ‏Tebboune, une investiture pour perpétuer le régime !
Publié le : 19 Décembre, 2019 - 17:55 Temps de Lecture 3 minute(s) 1492 Vue(s) Commentaire(s)

‏Tebboune, une investiture pour perpétuer le régime !

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Abdelmadjid Tebboune, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle rejetée par le peuple, à 58,13% des voix exprimées selon les chiffres officiels, a prêté serment ce jeudi 19 décembre au palais des nations. A cette cérémonie retransmise en direct sur toutes les chaînes publiques et parapubliques acquises au régime, il y avait de tout, sauf du changement.

Par excellence, cette kermesse a confirmé la continuité du système en place depuis 1962. Il y a même régression en la matière lorsque l’on sait que parmi l’assistance, il y avait ce fameux «carré des généraux» que beaucoup d’observateurs n’ont pas raté. Une tradition qui a disparu avec l’avènement du multipartisme en 1989. Vêtus en leur tenue militaire, les généraux et chefs des Régions et hauts gradés de l’armée ont pris place au milieu du Palais des nations, derrière le chef d’État-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah qui, depuis la déchéance du Président Bouteflika, a pris office d’homme fort de l’Algérie, reléguant le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, présent aujourd’hui pour la passation de pouvoirs, à une simple vitrine civile d’une dictature militaire par excellence.

Un carré pour les généraux !

Pour le reste, l’assistance à cette cérémonie était composée des ministres, des hauts cadres des entreprises publiques, du Premier ministre, Noureddine Bedoui, des présidents de l’APN et du Sénat, tous rejetés par le peuple algérien qui poursuit sa mobilisation sur le terrain pour le départ du système. En clair, tous ceux qui applaudissaient avant le 22 février le président déchu Abdelaziz Bouteflika, étaient là pour applaudir et en force celui qui promet «Une nouvelle Algérie», Abdelmadjid Tebboune en l’occurrence. Celui là même qui a été durant de longues années un des fidèles de son prédécesseur. C’est dire que le décor était tel que l’on avait l’impression que le cinquième mandat que voulait Bouteflika, venait de commencer. Seulement sans lui et son frère Saïd !

Un 5ème mandat sans Bouteflika

Même pour le discours, le changement n’y est pas. On est resté dans la langue de bois avec des promesses vagues pour «le renouveau économique», «la relance de la machine industrielle», «l’éradication des bidonvilles», «l’augmentation du pouvoir d’achat» et «la suppression des impôts pour les bas salaires». Point de vision stratégique pour «la Nouvelle Algérie» que le système veut vendre aux algériens pour convaincre le Hirak, voire l’étouffer. Tebboune, très mal élu, a d’emblée encore tendu la main au Hirak pour un dialogue, mais sans pour autant expliquer comme il le ferra. Le président désigné lors d’une élection rejetée par 60% des algériens selon les chiffres officiels et à laquelle n’ont pris part que 10% des électeurs selon l’opposition et de nombreux observateurs, a rappelé ses engagements de campagne pour une révision de la Constitution et «limiter les mandats présidentiels à deux, réduire les prérogatives du président, garantir les libertés, la liberté de la presse et de manifestation».

Un discours à la langue de bois

Les vraies questions ont été évacuées. Point de mot sur les détenus d’opinion encore moins sur leur libération. Alors qu’il prêtait serrement, une peine de 18 mois de prison ferme venait d’être prononcée contre l’activiste Mohamed Tajadith, tandis que l’étudiante Nour Elhouda Oggadi a été placée sous mandat de dépôt par le tribunal de Tlemcen pour atteinte au moral de l’armée. Tebboune entame donc sa présidence illégitime par une guerre contre les activistes du Hirak. À l’opposé, il décernera au Général du Corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, et à titre exceptionnel, l’ordre honorifique national du Mérite «Sadr», ainsi qu’au chef de l’État, Abdelkader Bensalah. Tebboune a rendu un vibrant hommage au chef de l’armée le qualifiant de «moudjahid» qui s’est donné pour «la préservation de la souveraineté et la stabilité  du pays» et qui était «un rempart contre l’ingérence et les complots contre l’unité du pays».

Gaïd Salah honoré !

Enfin de son allocution, le président intronisé a ordonné que soit retiré le qualificatif «Son Excellence» de toutes les administrations et dans ce qui a trait à son poste, estimant que «Monsieur le Président» était suffisant pour lui. Comme si les problèmes de l’Algérie qui vit sous une dictature militaire et un système corrompu et corruptible se limitaient à cette appellation !

Passée cette cérémonie organisée par le régime et pour le régime, les algériens, eux, qui ont rejeté la présidentielle et ses résultats sortirons demain dans la rue pour le 44ème vendredi des manifestations pour un changement radical du système, et pour une véritable transition démocratique à travers un processus constituant. C’est aussi simple que ça !

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